Salt peanuts – Jan Granlie
Here we meet a quartet of four female musicians from Central Europe, all of whom have made a significant mark on the improvisation and jazz scene further south in recent years.
Edith Steyer is an experimental and freely improvising clarinetist and saxophonist with roots in jazz and classical music from the 20th century. She is dedicated to exploring her instruments and works with different preparations and elements such as drum skins, water and wind. Céline Voccia is a French pianist, composer and improviser most often heard on the Berlin free jazz scene. She studied classical piano at the Geneva Conservatory and jazz and improvisation in Paris and Berlin. Her music is a fusion of jazz mixed with classical piano technique, culminating in an abstraction of contemporary music with free jazz. Vocal artist Marialuisa Capurso comes from Italy, and is actually the least known of these four. But percussionist Sofia Borges, originally from Portugal, is the one in the band we already know the most about. She explores the drums and percussion in her own original ways, either in solo format or in exciting collaborations, such as the one we meet her with here.
All the music is made by the four in collaboration, and the lyrics are written by Capurso, and they start with Borges‘ drums (or percussion) in „La mela del peccato“, and until they end with „Le vent s’est levé“, we are almost entranced by the experimental improvisational landscape. At the start, we get a voice reading the lyrics quietly over an imaginative musical landscape that requires you to pay close attention to what they’re doing. It’s experimental and different, and I find myself fascinated by the music and the text. Eventually it becomes more tangible from all four musicians, with Borges‘ drumming and clarinet playing being the most prominent. Voccia’s piano playing is what holds it all together, and I feel that she is, in many ways, the backbone of the music. The song „Saadya“ has a kind of Arabic soundscape because of the clarinet playing and the vocals, with field recordings that take us into a market in an exotic country.
And all the way through the eight tracks, we get excellent free improvisation that fascinates. Throughout, the music is in a relatively calm landscape, but with Capurso’s vocal art, this slides into a freewheeling landscape, where they suddenly change the concept to an almost Indian mood („Nenella“), before they again take us into the „unknown“ in „Rhapsodia Pneomatica“, before moving more into the combination of free jazz and modern opera in the final track.
These are four musicians who create extremely exciting improvisational art. And all along the way, the music changes dramatically, taking us on an extremely varied and exciting journey. They are four exceptionally creative musicians who are experts on their instruments and who challenge us as listeners throughout.
Exciting and innovative!
Kathodik Webzine – VITTORIO LOCONTE
The four artists present themselves almost like the granddaughters of the Dadaists, between free notes and searches for melodies, verses and explorations of the possibilities of the voice together with those of the instruments, fun and engaging, certainly unpredictable.
From one song to the next they present us with an original proposal, one that does not leave us indifferent due to the ease with which they approach their musical mission.” , kathodik.org
Jean-Michel van Schouwburg
J’avais écouté la vocaliste Maria-Luisa Capurso parmi toutes les chanteuses improvisatrices dont j’ai connaissance ou dont je suis régulièrement le travail et nombre d’entre elles sont excellentes et certaines absolument fascinantes (Maggie Nicols, Sainkho Namchylak, Ute Wassermann…). Avec cet album des Pink Monads, Capurso a tiré le beau lot sensible : tout au long de ces huit improvisations, elle invente spontanément des paroles, des textes, des histoires … de la poésie et en anglais ou en italien. À l’instar de Shelley Hirsch, en quelque sorte. Ses paroles, la scansion du texte, sa voix, son émotion est stimulée et aiguillonnée par le beau travail essentiel et discret des trois musiciennes : Edith Steyer à la clarinette (préparée… ?), Céline Voccia au piano et Sofia Borges à la batterie et percussions. La musique instrumentale jouée par ces trois dames inspirées est savamment dosée, expressive à souhait, sans jamais surjouer afin de laisser l’espace sonore et la dynamique suffisante à la voix et aux textes de leur camarade. L’art de l’expression avec des petites touches, des suggestions, une ambiance et un vrai sens de l’écoute…Le responsable du label 4DARecords, le contrebassiste João Madeira, se fait fort de consacrer une série d’albums à la voix humaine, chantée, improvisée, contée ou racontée. Et ces Multiple Visions of the Now qui nous semblent toutes modestes ont l’avantage de « parler » , « communiquer » et communier un état d’esprit, une attitude poétique, un message à quiconque à l’ouverture d’esprit et la capacité à écouter, sentir et découvrir tout un univers. À sa voix et ses textes, Maria Luisa ajoute des « fields recordings ». En 4/ , surgit la voix de Sandya, enregistrée à Casablanca, tournant sur elle-même avec les trois notes d’un mode proche-oriental. Au fil des plages, on goûte le toucher du piano, le souffle contemporain à la clarinette, la délicatesse à la batterie, les vocalises libres, leurs interventions momentanées subtiles et le babil de la vocaliste conteuse, remarquée aussi dans une ritournelle en dialecte du Sud. Un bel album qui vous fera passer un beau début d’après-midi.
Citizen Jazz – Franpi Barriaux
Sans sombrer dans la métaphysique de Leibniz ou de Giordano Bruno [1], les monades sont le multiple qui constitue l’Un. On pensera à Robert Silverberg et ses Monades Urbaines pour comprendre le nom de Pink Monads, orchestre européen et totalement féminin qui révèle quatre des plus intéressantes improvisatrices du moment : un instant de poésie pure et pleine de vie, mené par la voix envoûtante de Marialuisa Capurso, déjà aperçue auprès de Jean-Marc Foussat, qui brûle de mille feux. Ainsi dans « Identity Issue » où l’on pense à des vocalistes comme Isabelle Duthoit ou Elise Dabrowski. Dans ce morceau, la mécanique est intraitable : la clarinette d’Edith Steyer tresse une trame complexe avec le piano de Céline Voccia, véritable architecte de labyrinthe. Si l’on ne présente plus la seconde [2], la première est à suivre attentivement. Pur produit de la scène berlinoise, Edith Steyer a notamment joué avec Theo Jörgensmann.
Pour compléter le quartet, on retrouve la percussionniste portugaise Sofia Borges, qu’on a pu entendre ces derniers mois avec la saxophoniste Camila Nebbia. La précision n’est pas inutile, tant les prémices de Multiple Visions of The Now témoignent d’une certaine sororité avec les orchestres de l’Argentine. Une vision moins colérique, peut être, dans « Saadya » que la clarinette caresse comme un vent chaud pendant que montent quelques chants méditerranéens, mais grâce à Borges une constante entêtante où Céline Voccia fait parler toute la puissance de sa main gauche. Ce morceau, comme d’autres de l’album, est puissant et tourmenté : il monte comme un orage sous la férule de la pianiste avant de se rendre au silence. Dans l’échange permanent des musiciennes, il y a des instantanés, comme « Who Controls The Country » où Capurso prend les devants, et des titres qui s’installent, tel « Retrospection » où chaque son nourrit un récit, dans un dialogue très riche entre percussions et piano qui reste le liant de ce très bel orchestre.
C’est incontestablement Marialuisa Capurso qui est le détonateur de ce disque : elle détermine des couleurs, elle induit des lieux, fussent-ils imaginaires. Sur « Le Vent s’est levé (sans soucis) » comme dans « Rhapsodia Pneumatica » précédemment, son chant évoque par instants les traditionnels italiens, avant de les laisser se perdre dans le tumulte. L’énergie du quartet est magnifique, surprenante. On ne se lasse jamais d’un tel album.